La ballade du restaurant de La Corogne

Dans la vieja ciudad de la vieille Corogne,
Berthoux et Ferrucci cherchent un restaurant.
Quatorze heures bientôt, la fringale les prend.
L’anémie est pas loin, ça se voit sur leur trogne.

Un doux fumet, soudain, chatouille leurs narines.
Vindieu, s’écrit Cloclo, c’est là qu’il faut aller !
Et de chercher l’entrée où pouvoir s’enfiler !
Qui cherche trouve enfin l’accès de l’officine.

Timidement, sans bruit, tout le monde prend place.
Perplexe quant au lieu : Que vaut cette pension ?
C’est-i bon ? C’est-i cher ? Il faut faire attention
Car on a vite fait de manger dégueulasse.

Un coup d’œil alentour, le lieu grouille de vieilles.
Que des jubiladas sorties de leur casa
Par l’aîné des fistons pour manger des mets à
Pas trop cher la portion, pas trop fort les bouteilles.

Parfois le fils est mort, alors elles sont seules,
Et qui, tous les midis, viennent boire un bouillon.
Édentées, affalées, habillées en souillon,
Elles ont toutes l’air de nous faire la gueule.

Un couple de messieurs se paie un tête-à-tête.
Le premier, chevelu, l’air d’un auteur local,
Pérore et fait le beau pour les yeux de son gal-
Ant compagnon de jeu qui se croit à la fête.

Un monsieur, l’air bedeau, mange seul à sa table.
Deux jeunes amoureux ne s’occupent de rien.
Ils pitent dans les plats. Balourde comme un chien,
La fille a renversé la bière : inacceptable !

Le serveur à l’ancienne est sérieux comme un pape.
Moderne, la serveuse a son nombril à l’air.
Le vin blanc coule à flots, et les fruits de la mer
Comblent nos estomacs d’où plus rien ne s’échappe.

Café La Farola, dans la vieille Corogne,
Nous nous en souviendrons longtemps avec émoi.
C’était mardi deux août. C’était tranquille, et moi,
Je m’en suis enfourné plein le bide et la trogne.

Miño, le 2 août 2005

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