whisky

Il est des gens qui attirent naturellement la sympathie : un sourire, des yeux qui pétillent, un trait d’humour et le tour est joué. Fiona MacLeod est de ceux-là. Et si, en plus, elle se met à vous parler whisky, c’est l’ivresse assurée, mais l’ivresse des émotions, des sentiments, des sensations, bref, l’ivresse du cœur. C’est en 1987 que tout commence. Par une nuit noire de février, invitée par des amis d’amis à venir écouter des contes, elle tombe sous le charme, complètement éblouie. « Il y avait même la neige et du feu dans la cheminée, se souvient-elle avec plaisir. Je n’ai jamais cherché à savoir qui était le conteur. Je voulais qu’il reste mythique. Je me rappelle une image forte : le désert et un grand puits. » Dès lors, elle n’a de cesse de retrouver ses racines. Sa quête commence. En avril, elle contacte une association de conteurs amateurs ; en juin elle raconte pour la première fois en public, un conte celtique. « Je parle très mal le Français et, à l’époque, c’était pire. Mais des gens sont venus m’encourager. Tout de suite après, je suis retournée en Ecosse. » Libre d’esprit et sans obligation, elle a la chance de rencontrer Duncan Williamson, une référence en matière de contes celtiques. Celui-ci l’invite chez lui où elle raconte « le seul conte que j’avais préparé, un conte merveilleux ». Williamson fait partie des gens du voyage, lesquels « sans être Gitans, ont un mode de vie identique ». Et, par chance, ils adorent les contes merveilleux. Ensuite, elle rencontre des conteurs de tradition gaëlique, et notamment Georges MacPherson, une autre pointure. Elle découvre, en les fréquentant, « que dans l’histoire du peuple gaëlique, le conteur était un personnage très important, un peu comme le conseiller du roi. Sa parole était une parole de mémoire, de généalogie. » C’est grâce aux contes de Duncan, Georges et les autres qu’elle s’est enracinée dans sa culture maternelle. En 1992, elle prend la décision de devenir conteuse professionnelle. « C’était comme un saut dans le vide. » Ce soir, elle nous parle de la Route du Whisky, tout un programme ! A la base de ce spectacle, il y a la rencontre avec le livre de Jean Ray, Contes du whisky, dont elle raconte deux nouvelles. Le whisky en est le fil conducteur, il est plus ou moins présent dans chaque conte, mais l’essentiel se passe autour de l’être humain, qu’il soit buveur de whisky ou femme de buveur de whisky. « J’ai quitté l’Ecosse car lorsque j’étais étudiante, je n’avais pas les moyens d’acheter du bon whisky. Je le dis tout net, le blended, ça ne passe pas. Le pur malt, pour des raisons de taxation est très cher. » Aujourd’hui, dans nos supermarchés, on trouve du très bon whisky tourbé et même du iodé ! A boire tranquillement après le thé, en dehors des repas et surtout pas en apéritif. Quoiqu’il en soit, avec ce spectacle, Fiona MacLeode nous invite à boire ses paroles sans modération. De toutes façons, comme disent les Ecossais : « Ce que le whisky ne peut pas guérir est inguérissable. »

Article paru dans le Sésame n°2, juillet 2007

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